Le brochet et sa pêche
Seigneur et maître incontesté, le brochet est aussi le carnassier le plus solitaire des lacs et des rivivières, dès les prémices de sa vie. Du scientifique Exos Lucius, c'est le chasseur dans l'âme, pouvant parfois se montrer très dicret, en se tenant immobile, et à l'affût durant de très longues heures, attendant qu'une proie passe à sa portée, en adoptant un mimétisme des plus complet. En d'autres occasions ce sera tout le contraire, et ses chasses incroyables retentiront bruyament, à des centaines de mètres à la ronde, grâce aux remous bruyants qu'il pourra provoquer, et les pluies de poissons bondissant de tous côtés, pressés de lui échapper.
Sa robe de couleur argenté tirant sur un léger vert, et parsemé de taches jaunâtres très pâles, lui confère l'allure d'un poisson en tenue de camouflage. Sa bouche osseuse en forme de bec, garnie d'environ 700 dents taillées en pointes, fait pâlir tous les autres espèces. Prédateur par excellence toutes espèces confondues, sur la totalité du continent Européen, c'est aussi une des variétés les plus estimés, et recherchés par les pêcheurs du monde entier, notamment grâce à sa belle combativité au bout la ligne, qui en fait un adversaire de très grande qualité. Ce lascard pourra vous offrir des souvenirs mémorables, en livrant ses combats de façon spectaculaire. Passionnante à tous les points de vue, la pêche au brochet s'accompagnera le plus souvent d'un spectacle incommensurable, car neuf fois sur dix lorsqu'il se sentira priqué par l'hameçon, il essayera par tous moyens de s'en débarrasser, en faisant d'énormes bons hors de l'eau et en secouant la tête comme un beau diable, laissant ainsi apparaître la totalité de son corps massif, et fuselé. Un spectacle qu'aucun pêcheur ne peut oublier.
Habitudes alimentaires et appâts brochet
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Dans la plupart des cas, on verra les brochets s'alimenter de petits poissons et menu fretin, évoluant à leurs proximités directes. Gardons, ablettes, et perche commune, tous sont bons à leurs yeux, jusqu'aux propres congénères, dès l'instant où leurs tailles les rendront possibles à être avaler ! Il est très courant de voir de petits brochetons, véritablement goulus, tenter de s'en prendre directement à des proies qui ont quasiment la même longueur, et poids qu'eux. La photo de gauche témoigne encore de ce cannibalisme exacerbé et régulier entre les adultes. On peut y voir un sujet capturé en lac par un ami, qui dépassait déjà les deux kilos et demi, et qui portait pourtant de profondes marques et lacérations sanguinolantes, répandues sur une trentaine de centimètres, le long des flancs. Le brochet qui a tenté de s'en saisir devait bien atteindre les dix kilos, et passer le mètre. Si ce costaud poisson d'eau douce, est doté d'un appétit vorace, cela est entendu, il peut véritablement avoir les yeux plus grand que le ventre.
Outre le fait qu'il puisse se jeter sur presque tout ce qui bouge, il a déjà était constaté à plusieurs reprises chez certains specimens, jeunes comme adultes, une propention à centrer leurs activités de prédation sur des grenouilles ou de modestes mammifères. C'est le cas des petits écureuils, chutants parfois maladroitement des arbres, des souris et des rats, des poules d'eau ou encore des cannetons. Il viendra s'en saisir violemment en surface, les entraînants rapidement vers le fond, mais cela restera plutôt rare. On trouve ainsi chez les détaillants spécialisés, de grosses cuillers à brochet garnies de poils ou plumes, sensées imiter tous ces animaux.
Un carnassier hors du commun
Les amateurs de la pêche au brochet, ont au moins une fois remarqués, lorsque l'eau est assez clair, les deux types de comportements très révélateurs de ce poisson carnassier. Lorsque vous l'apercevrez avec le bec positionné vers le bas, cela révèlera qu'il est reput et que son ventre est plein, donc peu de chance pour qu'il mordre à votre hameçon, où alors il faudra vraiment exiter son instinct de prédateur. Au contraire, lorsque sa bouche se dirige vers le haut, ou tout droit dans l'alignement direct de son corps, cela voudra dire qu'il est en appétit, et c'est donc ce comportement là, qui vous montrera qu'il est prêt à mordre volontiers, sur un vif, comme le specimen capturé ci-contre, ou sur un leurre bien présenté. Ses chasses et attaques sont fulgurantes, malgré qu'il puisse manquer son objectif assez souvent, elles seront toujours spectaculaires par la vitesse à laquelle elle sont executées, si bien que si vous avez la chance dans observer une, vous ne le verrez pas se fondre sur sa proie, mais aurez plutôt l'impression qu'il s'est téléporté, et pour plaisanté un peu je dirais que c'est le seul être vivant de notre planète à pouvoir se déplacer à la vitesse du son. Mais hors plaisanterie, il serait très curieux de savoir exactement sa vitesse d'attaque, une étude à ce sujet semblerait d'ailleurs très pertinente, pour comprendre, et mesurer ce phénomène.
Une rivière à brochet, la Sarthe
![]() Piet Spaans (Travail personnel) [CC-BY-SA-3.0], Wikimedia Commons |
Tout juste avant de sortir du département de l'Orne, en limite de celui auquel elle donne son nom, la Sarthe passe alors en deuxième catégorie, et outre le fait qu'elle traverse les plus beaux villages de France, cette superbe et grande rivière, au courant relativement doux et parsemé de creux profonds, est un lieu fort réputé pour les carnassiers, où tous les ans sont relevées des captures trophées.
Aux beaux jours, lorsque ces eaux se garnissent de végétation aquatique, les secteurs privilégiés deviennent encore plus nombreux, c'est alors le moment opportun pour le traquer au poisson manié, aux tournantes et ondulantes qui peuvent faire des merveilles dans ces eaux sinueuses. Tous les endroits, dont les eaux se verrront encombrées de bois morts, ainsi que de végétations immergées, ou bien de roches offrants un possible affût, seront ici d'excellents postes à brochet. Les abords directs des berges, qui seront à portée de canne, seront là aussi autant de lieux à explorer, cet ingénieux chasseur affectionnant en effet, longer ces secteurs privilégiés qui abritent très couramment le menu fretin. Les sorties de courant, dans la partie la plus calme sont aussi à prospecter, des places où il se poste fréquemment s'il est en appétit, pour guetter et se saisir des poissons qui viendraient à passer à proximité.
Histoire d'une capture dans le Var
Un sujet pêché à Carcès (83) dans le Caramy en 1993, une après midi de Juillet. Une anse formée un grand trou d'eau, où ce specimen était posté, ne donnant aucuns signes de sa présence. Il ne se manifesta, que par une touche très timide, suivit par un léger enfoncement du bouchon, sans autre mouvement ensuite. Un ample ferrage, et le contact s'ensuivit, et ce poisson jusqu'à lors plus que discret, devait nous faire état de sa force et puissance, en se démenant de long en large, et en tous sens, avant de ne baisser que très duremment les armes. Dans un ultime regain de sang froid, le bel Exos finit tout de même, par nous éxécuter le fameux saut hors de l'eau, qu'aiment tant les pêcheurs de poissons carnassier, dernière et ultime tentative, pour se libérer du carcan de l'hameçon.
Après un combat qui dura vingt minutes, le compère battut se laissa mener à l'épuisette, et rejoignait l'herbe grasse et ombragée de la berge. Le montage qui nous permit de piquer ce superbe bec, fut constitué d'un corps de ligne en 30 Ø, sur lequel un gros bouchon coulissant de quinze grs, était suivit d'une olivette de même poids. Le bas de la ligne précédé d'un émerillon, se terminait par un câble acier, indispensable pour la pêche du brochet, d'une tension égale à huit kilos, et munit d'un hameçon simple de numéro un. C'est un montage on ne peut plus basique, mais il est terriblement efficace. La technique utilisée, fut celle de la pêche au vif, qui donne toujours d'excellents résultats. Le poisson appât, un beau chevesne de douze à quinze centimètres, et bien remuant.